conteur de sciences
Je m’exprime comme un funambule sur son fil. Ce fil est celui qui serpente entre la science et la poésie. Et mon balancier trempe un coup dans la science, un coup dans la poésie. Un mouvement entraîne un autre, comme une respiration. C’est ainsi que ma pensée chemine en se balançant et que le public me suit. Ce sont les parcours en ligne droite qui sont usants. Mais il ne peut y avoir de fatigue lorsque l’on balance. Nous n’avons pas seulement deux oreilles ou deux yeux, nous avons aussi deux cerveaux. Les enfants aiment être bercés. Notre cerveau aussi.
Dans « La République », Platon utilisait le mot « rythmer » comme synonyme d’éduquer. Eduquer, c’est initier un mouvement de balancier, qui permettra ensuite à l’élève, sous cette impulsion, de se lancer dans sa propre réflexion.
Socrate, dans ses “Dialogues“, associait les notions de “logos“ (ce qui a trait à la vérité), et de “mythos“ (ce qui a trait au récit). En alternant ces approches, la pensée peut prendre corps, sinon elle s’évapore.
Lorsque l’enseignement se fait récit, “logos“ et “mythos“ s’entremêlent dans notre esprit et notre réflexion tisse sa toile en associant ces deux fils de la pensée. Platon qualifiait cette éducation de « libérale », par opposition à une éducation utilitariste visant à enseigner des tâches concrètes, comme il était de coutume avec les esclaves.