Moment durable
Hier, une maîtresse de CM2 avec laquelle je travaille régulièrement m'a raconté cette belle histoire :
En juin dernier, elle accompagne sa classe visiter leur futur collège. Un professeur de SVT vient l'interroger :
- Comment vous vous y prenez avec vos élèves ? Ils savent déjà tout ; ils sont incollables sur tous les sujets qui touchent aux sciences naturelles ?
La maîtresse rougit et ne sait quoi dire. Le professeur poursuit :
- Et chaque fois que je parle de la chaîne alimentaire, du rôle du champignon dans la forêt, ou même de la photosynthèse, vos élèves disent en choeur : "ça, c'est : je te tiens, tu me tiens(*) !"
Alors la maîtresse comprend ; elle répond :
- ça, c'est grâce à Monsieur Becquart.
Quel bonheur d'entendre ces retours ! Je vois que ces moments que je partage avec les enfants laissent une trace durable. C'est exactement le but que je me suis fixé avec mes contes scientifiques : proposer un moment d'imprégnation qui associe le coeur (l'aspect sensible, artistique), et la tête (le volet scientifique et le raisonnement). Selon moi, il n'est pas nécessaire d'en faire des tartines, seulement de faire ressentir le sens des choses et la tournure du monde. Et là, le récit opére.
(*)"Je te tiens, tu mes tiens", c'est ainsi que je traduis souvent les relations d'interactions qui fondent la nature. Notons au passage qu'il ne peut y avoir de tapette, car le rire est le propre de l'homme. Alors l'histoire naturelle se poursuit inlassablement.