choc

 Aujourd'hui, je racontais la préhistoire. Je voyais devant moi un élève m'écouter avec des yeux ronds comme des billes. Son regard manifestait le trouble, un certain doute, et un profond questionnement.

à la fin de la journée, alors que je traversais la cour de récréation avec tout mon matériel, il s'avance vers moi, m'arrête et me dit :

"Monsieur, j'ai eu peur pendant l'homo sapiens !" Il marque une pause et ajoute  en hochant la tête : "Mais vous avez eu raison"

 Je me suis rapproché de lui et je lui ai fait une accolade avec un petit clin d'oeil fraternel… comme 2 homo sapiens. 

Puis j'ai repris mes valises et mon chemin de conteur de sciences…

Le métier de conteur est un métier délicat. Lorsque je parle, je parle haut et fort (sinon pourquoi conter ?), et je parle doux en même temps. Car je suis bien conscient de mon pouvoir. Surtout vis-à-vis de mon "petit" auditoire. Je n'oublie pas qu'il est sensible,  délicat, et qu'il peut être marqué pr longtemps, par une parole ou une image. Cela est particulièremetn vrai lorsque je conte la préhistoire, autrement-dit, notre préhitoire. Cette plongée dans les profondeurs de notre mémoire peut être bouleversante. Quand on a 10 ans, ou même moins, se comprendre comme un descendant de millions d'années d'évolution, c'est déjà vertigineux. Et percevoir notre parenté avec les singes, ce qui revient à considérer nos racines animales ("bestiales" même pour certains) ça peut-être  un véritable choc. Quelque chose d'irrecevable. Je le sais, Alors, je parle doux.

Mais je n'oublie pas de parler fort, car je sens bien que c'est la culture (et la culture scientifique en particulier)  qui peut nous faire avancer, nous faire grandir et nous éveiller au monde.

Il n'y a pas pire régression pour le genre humain que l'obscurantisme…

Foi de conteur de sciences