Enfance (4)
Lors de mes interventions dans les écoles, je m'aperçois que les enfants ont bien souvent une perception très superficielle de la nature qui relève d’un concours de beauté sur M6 ou TF1: lorsque la nature est belle, c’est Bambi, on s’attendrit devant les petits bébés koala, et lorsqu’elle est pas belle, on s’épouvante de dégoût : beurk !! Bref, c’est walt disney et "trash magazine" réunis. Soit c’est le paradis, soit c’est l’enfer. On est en pleine fantasmagorie "occidentale".
Bien sûr, on pourrait dire : ce sont des enfantillages, laissons ça aux enfants.
Les enfants ne me sont jamais parus infantiles, à aucun moment, et j’en vois 8000 par an depuis 25 ans.
À mon sens, c’est un défaut d’éveil qui rend les enfants si sujets aux idées toutes faites. Lorsqu’on est dans le vide, on prend un parachute, et dans ce cas, le parachute ce sont les idées toutes faites fournies clés en main par notre culture. Cette affectivité que manifeste les enfants reste dans la façade, précisément parce que le contenu de la nature n’est pas connu et que nous n'avons plus de relation directe avec elle.
Alors on se contente de la façade, c'est-à-dire aujourd'hui l'esthétique. On apprécie la nature comme on regarde l'élection de Miss France à la Télé.
Lorsque je constate cela, je me dis que l'on est encore bien loin d'harmoniser notre relation à la nature - pourtant si nécessaire - tout simplement parce que nous ne savons plus percevoir la nature telle qu'elle est et pour ce qu'elle est ( et non plus pour ce qu'elle nous apporte en terme de plaisir ou de déplaisir).
On en a fabriqué toute une histoire, bien éloignée de la réalité, à laquelle se rattachent nos perceptions elles aussi tout autant éloignées de la réalité.
Bref, on est encore loin du compte.